Sans les remontées mécaniques, vous ne pourriez pas skier !
Entretenir les remontées mécaniques, un métier spécifique et technique
Dans tous les domaines skiables, de nombreuses personnes sont là pour gérer la maintenance des remontées mécaniques. Etre responsable de la maintenance, c’est un métier à part entière, et à temps plein, été comme hiver.
Si les télésièges tournent c’est grâce à eux ! La maintenance des remontées mécaniques est primordiale et indispensable pour une station de ski car la moindre défaillance peut paralyser le domaine. Afin d’être opérationnelles pour la saison d’hiver, les remontées sont contrôlées et « bichonnées » durant la période estivale. Nous nous sommes rapprochés du responsable de la maintenance de la station de Piau Engaly, Monsieur Didier Vidalon, qui nous explique en détail ces opérations de contrôle.
On distingue deux types de contrôles effectués pendant l’été : les visites annuelles et les grandes inspections.
Les visites annuelles (VA)
Comme son nom l’indique, ces visites sont réalisées au moins une fois par an sur toutes les remontées mécaniques des stations. Ces visites consistent à contrôler la ligne complète des remontées.
Par exemple sur un TSD (télésiège débrayable) la visite annuelle va permettre de faire un tour de ligne complet (graissage, vérification de l’état de toutes les pièces, des freins…) Pour contrôler qu’il n’y ait pas de pièces défectueuses, il faut faire tourner le télésiège à vide puis en charge (avec des lests. Des CND (contrôle non destructif) qui sont réalisés sur les pylônes et autres éléments mécaniques, puis une « radio » par magnétographie du câble. Cela permet de voir l’état de celui-ci.
Les inspections des dispositifs de sécurité doivent être réalisées selon une procédure préétablie et donner lieu à l’établissement d’un rapport de synthèse de toutes les opérations faites dans le cadre de l’inspection annuelle.
Chaque station est contrôlée par un service de l’état du ministère des transports : STRMTG (service technique des remontées mécaniques et transports guidés), il y’a des réglementations nationales à suivre à la lettre. Pour les stations Pyrénéennes, c’est une antenne du STRMTG qui est présente sur la chaîne des Pyrénées, le BSO (bureaux Sud-Ouest) qui contrôle les remontées. C’est en quelque sorte eux qui donnent le feu vert ou non sur l’ouverture des remontées en station au vue des rapports de maintenance que l’exploitant fourni accompagné des rapports de contrôle d’organisme indépendant ( APAVE, DEKRA, SOTEC, OCIRM, PYREM…).
Les Grandes Inspections (GI)
Les grandes inspections représentent un énorme travail ! Elles se font en fonction de l’âge de l’appareil. Pour chaque remontée, la première inspection se fait au bout de 15 ans, la deuxième se fait 10 après donc à 25 ans puis 5 ans après, à 30 ans.
Pour la grande inspection, il faut entièrement démonter les remontées : les sièges sont retirés, les pinces qui tiennent le câble, la ligne… Totalement TOUT !
Un hélicoptère ou une grue sont utilisés pour démonter la ligne ou retirer les balanciers. Ils sont ensuite amenés à l’atelier, où toutes les pièces sont démontées une par une. Elles sont ensuite contrôlées par le CND (contrôle non destructif). Celles qui sont défectueuses sont changées.
Les sièges et les visseries sont remplacés. Si des fissures sont détectées sur les pinces, celles-ci sont soit réparées par soudure, soit remplacées par le constructeur. Dans tous les cas ces pièces sont contrôlées par un organisme indépendant spécialisé.
Ces grandes inspections se font soit en un été, soit, elles sont réalisées sur 3 ans.
Par exemple la 1ère année la gare motrice sera contrôlée, la 2ème année la ligne et les véhicules, et la 3ème année la gare retour. On parle alors de grande inspection « partielle ». Certaines stations choisissent d’étaler cette GI sur 3 ans car la charge de travail et le coût de cette opération sont importants.
Avec Jean Philippe ADAM, responsable de la maintenance et de l’exploitation de Peyragudes, nous sommes rentrés un petit peu dans le détail de leurs métiers:
Avez-vous eu des grandes inspections cet été à Peyragudes ?
"Oui, nous en avons eu trois. Deux télésièges qui ont 30 ans et un autre de 25 ans. Nous avons choisi d’étaler ces grandes inspections sur 3 ans. Cette année nous avons fait environ 11 000 heures de maintenance, d’avril à novembre."
Combien êtes-vous dans vos équipes ?
"Sur les remontées mécaniques nous sommes 16 personnes, 9 permanents et 7 saisonniers. Nous sommes nombreux mais nous avons un grand parc de remontées. De plus nous ne faisons pas que l’entretien des remontées, nous construisons aussi les cabanes des remontées, ce qui est aussi un gros travail. Nous faisons des aménagements, on rénove les files d’attentes… on attache beaucoup d’importance à l’esthétique de notre station. Par exemple l’habillage de la gare principale qui est en bois, a été repeinte par nos soins cet été afin qu’elle soit propre et en bon état pour la saison d’hiver qui arrive. Nous refaisons également les quais d’embarquements en béton. Nous voulons que tout soit parfait l’hiver !".
Faites-vous appel à des entreprises extérieures pour des travaux de maintenance ?
"Nous gérons tout en interne. L’avantage en plus de faire des économies, c’est que nous connaissons nos remontées. Nous les voyons en marche l’hiver, donc nous connaissons parfaitement l’appareil et ses petits problèmes. 90% des travaux se font en interne. Nous construisons également nos cabanes car nous avons de la chance d’avoir un maçon et un charpentier dans l’équipe. Nous avons fait intervenir une entreprise extérieure pour réaliser l’habillage en pierre d’une des cabanes."
Par curiosité, y’a-t-il le même nombre de siège sur toute les lignes ? Avez-vous du stock d’avance si jamais ils se cassent ?
"Il n’a pas le même nombre de siège sur toutes les lignes, c’est en fonction de la longueur de la ligne. Par exemple, nous avons des lignes ou il y’a 133 sièges, 165 sièges et même une petite ligne ou il n’y a que 32 sièges. Puis ça peut être des sièges de 4 places, 6 places, 2 places, des sièges débrayables ou fixes.
Nous avons des stocks de pièces détachées de sièges, mais l’hiver il y a très peu de casse. Cet été on en a changé 500 dossiers individuels du siège et 400 assises. Donc tous ceux qui sont susceptibles de s’abimer dans l’hiver sont changés en prévention. La politique de la station est d’avoir un produit propre, correct et en bon état."
Pouvez-vous me parler de votre expérience ?
"Je vais attaquer la 29ieme saison, ici à Peyragudes. J’ai commencé par un BTS maintenance industrielle, puis j’ai travaillé dans l’industrie puis ensuite j’ai travaillé 1 an chez POMA le constructeur de remontées mécaniques dans le service électrique.
Toutes ces expériences-là m’ont permis d’accéder à la maintenance des remontées mécaniques. Mais maintenant, vu l’évolution des RM, qui sont tellement perfectionnées, nous avons besoin de personnes très qualifiées telles que des ingénieurs en mécanique-électrique. Ce qui n’était pas le cas avant.
En tant que responsable maintenance mon rôle c’est la connaissance des RM au point de vue technique mais c’est aussi et surtout la gestion d’équipe, l’organisation. C’est la capacité à pouvoir donner les moyens matériels aux employés du terrain, pour pouvoir travailler correctement. Il faut que ce soit organisé, planifié. Il faut surtout apprendre à anticiper."
Quelle est votre pire expérience professionnelle ?
"Il y’a une dizaine d’année en début de saison, 1er jour de vacances. Ce jour-là les conditions étaient idéales pour les vacanciers, la neige et le beau temps étaient au rendez-vous. Un de nos télésièges débrayables est tombé en panne à 10h du matin. Le cardan qui relie un des deux moteurs principaux au réducteur a cassé. Il y avait énormément de monde au bas du télésiège, et la ligne était pleine. Nous avons donc décidé de faire évacuer la ligne ; nous sommes passés avec un haut-parleur pour prévenir tous les gens de la ligne, pour les prévenir qu’on allait les faire redescendre en marche arrière au lieu de les faire débarquer normalement en haut car avec un seul moteur électrique nous n’arrivions pas à redémarrer en marche avant la ligne pleine. Mais en parallèle à ce problème technique je devais déjà penser à une autre organisation : ouvrir un autre télésiège, prévenir les clients, et en même temps résoudre le problème en trouvant rapidement une pièce. J’ai pris la décision de descendre en bas du télésiège pour être avec les clients. A chaque problème il faut un responsable !
Nous avons fait un geste commercial pour les gens qui sont restés bloqués sur le télésiège.
J’ai ensuite appelé POMA, le constructeur de la remontée, qui avait un nouveau cardan mais à Grenoble. Nous avons dû affréter deux hélicoptères, un qui est parti de Savoie jusqu’à Narbonne, chargé du cardan et l’autre qui est parti de chez nous jusqu’à Narbonne où nous avons fait l’échange. A 16h, nous avions le cadran à la station et à 17h la pièce avait été remontée et le lendemain à 8h le télésiège fonctionnait normalement. Au final nous avons mis 1h30 pour évacuer le télésiège et moins de 7h pour se procurer un cadran.
Ça fait partie des aléas de l’hiver et nous essayons d’être le plus réactif possible pour que le skieur ne soit pas incommodé.
Vous l’aurez compris, comme beaucoup de métiers en stations, il s’agit de métiers passion. Passionnés de mécanique et de travail bien fait ! Nous les remercions tous les deux pour le temps qu’ils nous ont accordé !"
Les remontées sont prêtes, alors on attend plus que la neige cet hiver !
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Alors, on est descendu tout en bas et on n'a pas trouvé, ce qu'on était venu chercher ?
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